mardi 20 novembre 2012

Nue dans mon pyjama


Bathing Woman par Léon Spilliaert

Le matin, au réveil, j'essaie toujours de retrouver le fil de mes pensées. Ce n'est rien qu'un fil, pas un câble, par un cordon épais, un fil, léger et translucide, élastique, un peu cassant.
Je cherche aussi la lumière pour ajuster ma vision fatiguée par une nuit entrecoupée de pauses. De la pause littéraire, de la pause laborieuse sur ordinateur, mais de la pause sur des écrans trop lumineux et des pages mal éclairées.
Je cherche aussi un peu à chasser les mauvaises odeurs buccales même si ce n'est pas mon fort, la mauvaise odeur buccale. Je suis une princesse, la puanteur de la gueule ne me concerne pas.
Je cherche à redonner à mon visage un air enjoué et lumineux, mais la jeunesse s'étire et se tire grossièrement, à grandes enjambées. Alors l'eau froide tend les petites ridules que je n'ai pas encore, heureuse que je suis d'appartenir à une lignée de femmes qui ont du mal à visiblement vieillir, à vraiment rider.
Après ces instants teintés d'un égoïsme profond, livrés à ma seule petite personne, je remercie les forces de l'univers qui me donnent ces instants d'insouciance. J'ai toujours l'air ridicule dans ces moments là... parce que serrer un arbre dans ses bras en lui murmurant à l'écorce, vaut mieux faire ça en privé.

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