Je ne l’ai vu que de profil, Cousteau. Il avait le bon bonnet, le même visage émacié qui colle tellement à la forme du squelette que ça devient inquiétant. Il avait le bon col roulé qui donne de la prestance et un arrière goût d’embruns marins (parfois, l’embrun, ça pue un peu). Il avait le coût tendu, dans une espèce d’effort statique pour dépasser les autres voyageurs, traîner avec lui le TGV et rejoindre en première place la gare.
Je fais beaucoup d’associations ces derniers jours. Ou alors, je réinvente les gens qui m’entourent. Ils sont équipés de surnoms, de sur-personnalités qu’ils endossent avec bonhomie, en totale ignorance de ce qui leur arrive. Ils sont consentants et ignorants.
C’est ce qui me plait dans la fréquentation toute neuve des transports en commun. Le commun justement. Y’a pas à perdre une miette. Tout est bon à prendre, à observer, à mastiquer, à ingurgiter : la dame qui ne cesse de parler à sa copine en train de lire la bible sans oublier d’acquiescer régulièrement (il y a des tas de gens qui lisent des livres plus ou moins mystiques dans les transports… d’où les transports sans doute !!!). Il y a le garçon qui ondule des cervicales en écoutant les écouteurs de survie posés sur ses oreilles, il y a le jeune couple amoureux qui s’embrasse à pleine bouche parce que franchement, il n’y a rien d’autre objectivement à faire, il y a celles et ceux qui pianotent, qui téléphonent, qui lisent, qui attendent avec anxiété l’arrivée à un rendez-vous qui changera sans doute leur vie. Il y a tout un tas de trucs que je fais pour la première fois depuis quelques mois et ça me va bien au teint. Enfin, souvent.
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