Il faut se baser sur des trucs élémentaires.
Genre : même mort il faut savoir occuper son temps. Ou encore :
l’éternité n’empêche pas les minutes de filer. Oui j’aime bien celui-là. Un
autre encore : Ne te retourne jamais quand tu es mort, tu pourrais te découvrir
vivant. C’est pile poil ce que j’ai fait. Je me suis retournée. Je me sentais
suivie. Du genre un regard sur la nuque, un regard appuyé. Je me suis
retournée… et je me suis vue vivante, en train de marcher rapidement dans
ma direction. Sauf qu’il y avait comme un voile, un truc infiniment fin qui nous
séparait pour de bon. J’avais bien mon propre regard posé sur ma nuque, sauf
qu’il s’agissait sans doute d’un point indifférent que je regardais avec
insistance. La moi vivante. Ca devenait compliqué !
Rewind
Nous
étions donc sur cette plage un peu surfaite, moi et la mort en slip de bains.
Elle
insistait pour que je lui passe de la crème solaire, écran 30. Je me demandais
bien ce qu’elle pouvait craindre… Un snobisme affirmé. Voilà ce qui me semblait
certain.
Ma
première surprise dans cette drôle d’histoire a été l’humanité et la
masculinité de la mort. L ’humanité,
car son comportement excessif lui donnait de l’humain même dans sa rigidité
osseuse, et pas seulement à cause de son slip de bains.
La
masculinité, car la mort était convaincue de son sex-appeal, et quand je parle
de sexe, je ne sais pas trop de quoi je parle. De son sex-appeal d’homme, sans
foi ni loi, avec le torse bombé, l’œillade vide mais ravageuse, le déhanché affirmé
qui confirme le sportif sur le retour, ou une coxalgie développée. Bref, la
mort était fière d’être irrésistible, au moins le pensait-elle, et convaincue
de sa séduction mâle avec les poils qui vont avec. Sauf que non. Sauf que.
Parce que je ne sais pas vous. Mais moi, au bout d’un moment et dans la
solitude infinie de cette plage de la mort, je m’ennuyais sec. La mort devenait
une point d’intérêt. M’en aurait pas fallu beaucoup pour que je craque. Enfin…
je crois. Mais j’étais certaine de son implication dans ma disparition. Je ne
savais qu’en penser et qu’en faire. Tuer la mort ? par vengeance ? par
ennui ? par lassitude de l’éternité ? par souci de lui rendre la
monnaie de sa pièce ? Le défi était vaste.
J’oscillais entre mes pulsions physiologiques
de femme… morte, et mon irrésistible envie de comprendre ce méli-mélo où j’avais
la sensation d’être la victime accessoire d’une erreur monumentale.
Bref, en clair, allais-je tomber dans le
panneau d’une histoire de jambes en l’air ou le drame universel de la vengeance
qui n’est pas très sure de son origine ?
Ouhlala, ce suspens !
1 commentaire:
Euh ... Et Peter Falk dans tout ça, qu'est-ce qu'il en eut pensé ?
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