lundi 23 juillet 2012

Episode 3 - la mort en slip de bains


Il faut se baser sur des trucs élémentaires. Genre : même mort il faut savoir occuper son temps. Ou encore : l’éternité n’empêche pas les minutes de filer. Oui j’aime bien celui-là. Un autre encore : Ne te retourne jamais quand tu es mort, tu pourrais te découvrir vivant. C’est pile poil ce que j’ai fait. Je me suis retournée. Je me sentais suivie. Du genre un regard sur la nuque, un regard appuyé. Je me suis retournée… et je me suis vue vivante, en train de marcher rapidement  dans ma direction. Sauf qu’il y avait comme un voile, un truc infiniment fin qui nous séparait pour de bon. J’avais bien mon propre regard posé sur ma nuque, sauf qu’il s’agissait sans doute d’un point indifférent que je regardais avec insistance. La moi vivante. Ca devenait compliqué !
Rewind
Nous étions donc sur cette plage un peu surfaite, moi et la mort en slip de bains.
Elle insistait pour que je lui passe de la crème solaire, écran 30. Je me demandais bien ce qu’elle pouvait craindre… Un snobisme affirmé. Voilà ce qui me semblait certain.
Ma première surprise dans cette drôle d’histoire a été l’humanité et la masculinité de la mort. L’humanité, car son comportement excessif lui donnait de l’humain même dans sa rigidité osseuse, et pas seulement à cause de son slip de bains.
La masculinité, car la mort était convaincue de son sex-appeal, et quand je parle de sexe, je ne sais pas trop de quoi je parle. De son sex-appeal d’homme, sans foi ni loi, avec le torse bombé, l’œillade vide mais ravageuse, le déhanché affirmé qui confirme le sportif sur le retour, ou une coxalgie développée. Bref, la mort était fière d’être irrésistible, au moins le pensait-elle, et convaincue de sa séduction mâle avec les poils qui vont avec. Sauf que non. Sauf que. Parce que je ne sais pas vous. Mais moi, au bout d’un moment et dans la solitude infinie de cette plage de la mort, je m’ennuyais sec. La mort devenait une point d’intérêt. M’en aurait pas fallu beaucoup pour que je craque. Enfin… je crois. Mais j’étais certaine de son implication dans ma disparition. Je ne savais qu’en penser et qu’en faire. Tuer la mort ? par vengeance ? par ennui ? par lassitude de l’éternité ? par souci de lui rendre la monnaie de sa pièce ? Le défi était vaste.
J’oscillais entre mes pulsions physiologiques de femme… morte, et mon irrésistible envie de comprendre ce méli-mélo où j’avais la sensation d’être la victime accessoire d’une erreur monumentale.
Bref, en clair, allais-je tomber dans le panneau d’une histoire de jambes en l’air ou le drame universel de la vengeance qui n’est pas très sure de son origine ?

Ouhlala, ce suspens ! 

1 commentaire:

Babou a dit…

Euh ... Et Peter Falk dans tout ça, qu'est-ce qu'il en eut pensé ?