Les mots sont instables. Mes mots sont instables. Ils m’échappent,
par le bout d’une lettre, par une pause trop longue, par une virgule sortie de
nulle part. Certains mots me fuient. Certains noms propres aussi. Au lieu de
les prononcer, l’image de l’objet, du lieu, ou du personnage concerné m’apparait
clairement, en légère sur brillance, histoire de me dire que je n’ai pas tout
perdu. Au contraire. Je reste alors un peu hébétée, ravie de cette vision
personnelle, désespérée par la fuite du mot.
Ça n’a jamais commencé. Aussi loin que je m’en souvienne
certains mots m’ont fuie. Mais de la fuite en pente douce. Il suffit juste que
je lise le mot pour qu’il revienne après s’être un peu ébroué histoire de paraître
tout neuf, jamais utilisé.
Aubergine, voilà un mot qui m’échappe continuellement alors
que la courgette reste à disposition avec la tomate, l’oignon et même le
potimarron.
Orson Welles est aussi du genre insaisissable (alors que j’étais
dévorée par la passion de cet acteur-personnage il y a des années).
Même pas grave me disent certains. Faut voir, faut vivre,
faut oublier pour mieux redécouvrir.
Peut-être.
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