samedi 28 avril 2012

Hallucinations et Cap'tain America

Ma vie est parfois localisée entre la poésie et l'aventure, sans que je puisse déterminer où ça se situe (plus surement du côté de la poésie de comptoir et de l'aventure d’ascenseur).
Hier, j'avais un rendez-vous important à 18h30 (on se fout un peu de l'heure). J'étais pressée.
Je m'activais vers ma destination quand Cap'tain America est sorti de nulle part. Un hybride de Cap'tain America et d'un piroguier Boni. L'homme trapu, rasé de prêt avec l'incisive couverte d'or. Le pull en simili laine, un pantalon en skaï apprêté (très apprêté) et des bottes improbables de Cap'tain America, entièrement en cuir usé, mais des bottes de Cap'tain America dans lesquelles s'était faufilé le bas du pantalon en skaï.
ouhlalalalalala
Vive les super-héros de pacotille.
Il m'a demandé où j'allais. Je lui ai répondu tout de go: "droit devant moi". Il a continué en me tutoyant (c'est comme ça les super-héros) et en me demandant mon prénom que je lui ai fourni sans tergiverser (mais un peu triste quand même qu'il n'ait pas réussi à le deviner)... (et tes super pouvoirs mec). Ensuite, un peu mono-obsessionnel il m'a redemandé où j'allais et là je lui ai dit "voir une freudienne". Ca ne l'a pas aidé, il a couru illico vers son destin (sans doute deux seins et un cul appétissant).
Je suis une fille comme ça, même pas peur de rater les occaz qui se présentent. En plus, là où on était, ce n'était pas un piroguier Boni, c'est sur!
Ensuite j'ai rencontré l'homme en noir avec des aimants. La cinquantaine, l'élégance déguingandée, et deux jetons aimantés à la main. Il a passé le trajet dans le train à poser ses aimants sur toutes les surfaces, en oscillant légèrement la tête d'un air entendu quand l'aimant accrochait.
Je suis descendue pour courir vers mon rendez-vous, pas certaine que tous ces hasards poétiques ne soient pas des hallucinations.

PS : il semble que ce ne soient pas des hallucination. Ma vie est une aventure.








jeudi 26 avril 2012

Aimez-vous les biscottes?






J'aime bien attendre des gens sur des quais de gare. J'aime bien attendre des gens dans des halls d'aéroports. Quand je sais que l'avion a attéri.

J'aime bien ces moments qui précèdent les grandes embrassades qui sont des bouffées d'air pur. Des grosses goulées de joie qui donnent du frisson sur la peau et un petit coup de rose aux joues.
J'aime bien me réveiller la nuit et regarder dans le lit à côté du mien, ma mère dormir paisiblement, enroulée dans ses 85 ans. Il parait que c'est la reine des neiges.
J'aime bien aussi les embrassades avant les départs, mais dans l'autre sens, comme si on avait l'âme à l'envers et la douleur brûlante en surface du coeur, la sensation d'éclater de l'intérieur.
J'aime bien l'espoir des projets, les plans sur la comètes, les idées de rencontres à venir, de fins de semaine que l'on sait passer avec ceux qu'on aime alors que pendant longtemps on a juste passé des moments seul, sans espoir de partage.
J'aime prendre un train pas trop rapide qui me mène vers un endroit que j'aime et que je connais, là où je verrais des amis et où je sentirais affleurer, dans mes idées, des souvenirs de plaisirs communs.
J'aime bien dans la nuit, quand je me réveille vers 1h du matin, parler à l'esprit de mon père, assis sur mon épaule, attentif et serein, qui sait presque essuyer mes larmes.
J'aime bien effleurer. J'aime bien poser un baiser léger, en forme de voile d'amour.
J'aime bien en décousu. J'aime bien sous l'air poussiéreux du ventilateur, j'aime bien derrière le voile de la moustiquaire, j'aime bien dans la douce chaleur de la couette.
J'aime bien la tête du chartreux posée au creux de ma main et ses yeux alanguis me regarder de loin.
J'aime bien la mémoire.
J'aime bien l'ignorance que j'imagine comme un élément de bonheur.

mercredi 25 avril 2012

to be or not to go (togo)

J'avais des doutes depuis un certain temps, pas du petit doute, du doute costaud qui a presque cette odeur un peu acre de la certitude... parce que la certitude a tendance à péter les chances de renouvellement de l'espoir.
J'avais des doutes, et des envies de chocolat aussi. J'avais des doutes et des envies de lait, alors que je ne digère pas le lactose... Oui, j'avais des doutes amis brocolis. La donnée est intégrée.
Accessoirement, je m'étais gavée de quelques certitudes, histoire d'équilibrer ce lourd débat intérieur. J'avais piqué de la certitude en regardant autour de moi, de la certitude à deux balles : le bonheur ça fait du bien à soi et ça peut faire mal à d'autres; la mer est bleue mais pas toujours... et puis quoi encore? Ah oui, je me souviens, la douceur d'un baiser à la commissure de tes lèvres, en passant.
J'avais des doutes sur ce qui animait mes combats quotidiens, j'avais des doutes sur les objectifs à atteindre. J'avais des doutes, 
Jle doute s'impose quand le manque de sommeil permet d'atteindre cette lucidité insupportable due à de petites variations chimiques.

Et puis voilà, tu m'as parlé 5 mn dans la radio BLU et tout s'est envolé! C'est quand même un peu formidable l'amitié.



mardi 24 avril 2012

Le temps d'une pause


Je n'aime pas les clowns. Je déteste les clowns. Ca me met mal à l'aise, le côté forcé sans doute. 
Et pourquoi se maquiller pour être quelqu'un d'autre? Et pourquoi se maquiller en blanc? Qui a une peau blanche à ce point? 
Je n'aime pas les filles super maquillées. Ca me fait le même effet que les clowns. J'ai du mal à les regarder droit dans les yeux. Il faut d'abord que je réussisse à enlever leur image, celle que j'ai devant moi, que je la remplace par un truc inodore, genre une citrouille (j'ai souvent recours à la citrouille) et hop, le tour est joué. Si la citrouille m'échappe, c'est reparti. Je suis obligée d'abréger, ça me met mal à l'aise. J'ai toujours une ou deux images à disposition en tête, que je place là, virtuellement, devant les yeux. En cas de gros malaise, elles sont à disposition, faut juste les stabiliser assez longtemps. 
Je n'aime pas les hommes super-maquillés non plus, c'est peut-être moins courant.
Je n'aime pas les hommes/femmes super-maquillés, à une exception près, celle des acteurs d'opéra chinois. Je ne sais pas pourquoi. C'est comme ça. Fut même un temps où je suivais une troupe, subjuguée que j'étais. Je le suis toujours. Je n'ai plus le temps de les suivre. 

Mais je n'aime pas les clowns. Un monde sans clown serait une vraie délivrance. J'exagère à peine. Je n'aime pas les clowns, mais qu'est-ce que j'aime rire. Les clowns ne m'ont jamais fait rire, aussi loin que je me souvienne. 

 Francis Picabia - autoportrait - 1940