Marie-Fernande est très élancée, elle a le cuissot svelte, musclé. Elle a un long cou fin et un port de tête incroyablement élégant. Elle se pose des faux-cils tous les matins, histoire d'approfondir son regard un rien chafouin (j'aime le mot chafouin, ça fait hérisson). Marie-Fernande balance sa nonchalance dans le jardin botanique Adolpho Ducke. Elle laisse ses rangs de perles aller de ci de là au rythme de ses enjambées, elle a de longues jambes, 1m20. Elle aime ça, elle sait qu'elle a tout d'un top modèle, et la dolence un peu forcée d'un navire en perdition.
Elle aime le regard que les hommes et les femmes portent sur elle. Quand un homme passe à sa hauteur et lui touche le croupion, elle sait bien qu'elle y perd une plume... mais c'est pour la bonne cause, elle sera bientôt au sommet du chapeau de la femme qui l'accompagne.
Marie-Fernande est d'une grande famille d'autruches, Marie-Fernande de Struthio, lignée solide qui balance son invraisemblance dans les rues de Manaus. Elle se pavane devant l'opéra, sans claudiquer comme l'aurait fait Sarah Bernard si elle avait daigné voir cet ouvrage construit au milieu de l'Amazonie. Capricieuse, Marie Fernande est aussi capricieuse. Marie-Fernande a d'autres amis tout aussi majestueux, Olaf le grand éléphant d'Afrique, Cléopatre, l'Oryx et Hubert le buffle venu des lointaines rizières. Certes, ils ne comprennent pas très bien pourquoi ils se retrouvent au milieu de l'Amazonie, mais l'important c'est d'y être.
Ils sont respectés.
Marie-Fernande s'adonne à ses plaisirs coupables préférés, s'assoir dans une churascaria aérée, près du rio Negro et s’empiffrer de saucisson à l'ail en lançant des œillades assassines aux garimpeiros revenus des camps d'orpailleurs du Nordeste que l'on dit meurtriers et sans espoir. Les garimpeiros ont de la poudre d'or sur la peau et au fond des poches, des cicatrices et quelques parasites, et Marie-Fernande aime ça, autant que le saucisson à l'ail.
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