mardi 29 juillet 2014

La ligne H ou le transport de bétail à horaires aléatoires (une histoire d’île de France)


Comme chacun peut s’en douter, la période de juillet et août est aussi une période travaillée pour beaucoup d’entre nous. Il y a même des petits vicieux, dont je fais partie, qui travaillent en juillet et en août, inconscients que nous sommes.
La météo aidant, c’est presque une partie de plaisir d’aller s’enfermer plusieurs heures (quand on s’enferme) chaque jour. Les transports sont un rayon de soleil fait de mouvements, de teints halés, d’une débauche de tissus chamarrés… et parfois aussi d’odeur d’humanité quasi-insupportable.
Dans l’équation, il faut aussi faire rentrer un élément important, le coût du pass Navigo qui ne baisse pas, vous l’aurez remarqué, personnellement, il me coûte 99 € et des pépites. S’il ne baisse pas, c’est sans doute que la Stif tient ses promesses commerciales, met en avant sa responsabilité RSE (responsabilité sociétale et environnementale), bref, tient ses engagements. Certes, suite aux jours de grèves d’il y a quelques semaines, j’avais bien entendu qu’une ristourne aurait lieu en juillet, je ne l’ai pas vu apparaître, prix maintenu ; un tel geste annoncé avait un goût printanier, j’ai du rater un épisode lié à l’annualité du paiement. Bref, je passe sur ces détails (j’ai du mal quand même) qui à force de s’additionner rendent le total difficile à accepter.
Et j’en reviens à la ligne H que j’emprunte. Alors là, c’est fun, vraiment FUN ! Du fun avec de la tension sur le visage qui conforte la ride du lion, du fun avec de la crispation des doigts, du fun avec un rien d’exaspération qui s’entend dans le ton peu amène de certains voyageurs, du fun qui ternit la douce nonchalance des corps pressés les uns contre les autres aux heures de fréquentation les plus chaudes (hot ?). Il y a bien des barres de fer pour égayer les voyages, un peu de pole dance ? Non, il n’y a pas la place.
Gare du Nord… 18h04… un train à 18h09… montée rapide, air détendu de celle qui a gagné une heure plus que décente, projet de boulangerie, de promenade dans l’air chaud de l’été… 18h12… le train n’est toujours pas partie, des passagers désertent le wagon nerveusement. 18h17 : annonce d’un problème sur le train (il est tout neuf le train, pour de vrai, c’est un Bombardier, il est beau, avec des couleurs et de la luminothérapie… beuhhhhh). Le prochain train est à 18h39 à deux voies de là. Et les bons voyageurs que nous sommes de partir.
Un personnage important disait que les français sont des veaux. J’ai toujours compris, en référence aux veaux, que les français étaient joyeux, farceurs, adorables, gambadants… le veau est tout ça. Ben non, le voyageur est harassé par la fatalité du transport indiscipliné ! Ce n’est pas un veau.
18h28… dans le nouveau train… 18h30… il est retardé. Excédée, je rentre dans un train qui n’était pas annoncé… départ prévu 18h45… il partira à 18h54… Tout ça pour s’arrêter à 4 stations…
Mon bon sentiment de plénitude estival m’est rentré avec douleur au fond de la gorge.
Une soirée pour oublier. Ce matin arrivée à la garde à 8h17… train à 8h54… incident d’exploitation.. ; et la radio de la ligne H avec sa voie enjouée qui dit que tout va bien, tout et tous sont à l’heure.
Bon alors, pour faire simple : impression d’être du bétail (pas qu’une impression), heures pas respectée, information aléatoire.
Et là, face à ce chapelet de jérémiades, je ne me sens pas le cœur de vous parler du bus qui ne passe que toutes les 35 mn pendant l’été… J’ai juste envie de dire que j’ai aussi eu un incident d’exploitation, que je ne saurai pas trop ce que je peux payer mensuellement pour les transports durant les mois de juin, juillet et août. Par contre, c’est sur, ça ne dépassera pas 25€.

25€, ça fait quand même 164 Fr… Monsieur Stif/Navigo et j’en passe, je vais te tutoyer, tu n’es pas sérieux. Tu as un sens limité de ta délégation de service public. Le service minimum, en fait c’est pas juste pendant les grèves, c’est aussi pendant l’été. Faudrait pas oublier qu’il y en a qui travaillent, oui oui, pour de vrai. Dis, Monsieur Stif, fais un geste parce que moi, personnellement, je n’ai pas envie d’en faire, pas envie de prendre en considération tes allégations, pas du tout, pas envie d’être souriante, pas envie que tu me piques du temps de ma vie, parce que c’est ça que tu fais. Je ne te connais pas, tu me prends des sous que je gagne, c’est pas du commerce circulaire ça, c’est plutôt de l’exploitation. Et je ne veux pas entendre tes explications oiseuses… oui oui, entre les intempéries d’automne où les trains glissent sur les rails à cause des feuilles, ni la chaleur infernale d’un été somme toute médiocre qui dilate les mêmes rails. Je suis joueuse mais tu accumules le manque de professionnalisme et surtout, surtout, tu prends tes concitoyens pour du bétail. Tu sais quoi, déjà que je n’aimais pas trop la viande, je vais devenir végétarienne. Et puis arrête de me gâcher mon été.