mercredi 23 mai 2012

Plan latéral


En gros, ça s'est achevé par "est-ce que je peux dormir dans ta chambre d'ami?" et la réponse a été oui.
Avant, il y a bien eu une trentaine d'années d'amitié forte, avec des engueulades et des grandes bouffées d'amour.
Il y a eu des moments de silence, plus ou moins longs, en fonction des milliers de kilomètres qui pouvaient nous séparer.
Il y a eu tellement et puis aussi plein de pas grand chose qui font que je ne suis jamais seule parce que je sais que tu es là, quelque part.
La solitude, je connais. Sans me vanter. Je connais même bien. La solitude, la vraie, voulue, entendue et vécue au jour le jour. Une seconde nature, sans aucune vanité. Avec juste la certitude d'être seule parce qu'en regardant bien autour, il n'y a personne. Il y a de la verdure bien entendu, majestueuse, sure d'elle. Il y a du minéral, toute aussi majestueux et plantureux même dans ses sommets immobiliers, épointés ou mammaires. Il y a le fluide aussi, la mer, d'Atlantique en Pacifique, en passant par les fleuves et les ruisseaux, partout où je me baigne, dans le froid et le chaud.
Bref, il y a l'espace, l'espace pour vivre et l'espace pour bien ressentir l'isolement.
Mais tu es là quelque part, au bout de mon coeur.
Je vais te voir bientôt. J'ai besoin de me précipiter vers toi, de sonner à ta porte et comme toujours, penchée sur ton épaule alors que tu m'étreins, je vais te souffler à l'oreille "est-ce que je peux dormir dans ta chambre d'amie ce soir?". Tu vas éloigner ton visage, me sourire et je vais reprendre pendant quelques heures mes quartiers chez toi.
Tu resteras allongé près de moi jusqu'à ce que j'ai fini de te raconter les changements à présents et à venir, les peut-être, les inquiétudes, les incertitudes. Tu serreras ma main et peut-être même que tu caresseras un peu mes cheveux. Tu m'embrasseras doucement au bord des lèvres parce que tu sais que cette nuit, je ne veux rien d'autre que dormir dans la chambre d'amie, celle qui me va le mieux, celle qui nous convient depuis très longtemps.

Pendant ce temps là, Gomez s'inquiète déjà des nouveaux départs de Morticia


Femme de profil - Klimt

vendredi 4 mai 2012

I taste so good


J'ai l'impression parfois que nous sommes à quelques jours de 1789. Le parfum de l'incompréhension, l'érosion quotidienne entre les dirigeants et le bon peuple, la surenchère de la richesse face à l'explosion de la pauvreté. Ce sont les jours de pluie diluvienne ou de grande surchauffe climatique qui engendrent cette sensation. Quand l'air frais me donne de l'insouciance, j'arrive parfois à penser que nous sommes à une époque bénie faite de fraicheur et de désillusion saine (la désillusion saine donne l'impression de comprendre le monde - très vite, se faufile alors la sensation que l'on consomme de la drogue de schtroumpf ajoutée aux concombres et autres crudités nécessaires à un régime omnivore - phénomène d'hyper-réalité..).
J'ai parfois l'impression qu'il faudrait que je puisse changer intégralement ma garde-robe, j'investirais uniquement dans de longues robes échancrées et pailletées, pourpre si possible, très vulgaires. J'investirais aussi dans des chaussures à talons, de 12 cm si possible. J'investirais aussi dans des béquilles, ou un déambulateur.
Cette succession d'impressions rend la vie imprévisible.
J'ai aussi parfois l'impression de lire ça, http://www.notforsalecampaign.org/about/slavery/, je n'ai pas que l'impression. Comme un sensation de déjà vu.

mercredi 2 mai 2012

Confiture d'amandes et de piments, sans douceur ajoutée


J'aime le tango, et la danse orientale. Il y a dans chacune tant de sensualité et d'opulence. Une débauche. Des étoffes lourdes et soyeuses, des décolletés plongeants, des corps qui s'affrontent ou s'attendent, de la sueur qui ourle les peaux et va jusqu'à les confondre parfois. Il y a des muscles tendus, il y a un appel de l'autre et un don de soi, de la violence et du désir. Il y a de la vie tout simplement, de la vie qu'on voit jusqu'à cligner des yeux, tant vivre peut parfois entraîner une certaine gène.
J'aime le fromage de chèvre aussi. 

Une vie sans regret




Lundi - sj

Je n'aurai pas de regret. J'ai décidé ça il y a quelques temps. Je n'aurai pas de regret et ce n'est pas la peine d'insister. Quelques remords bien entendu, du petit remord allégé qu'il faut avoir pour les nuits sans sommeil, histoire de posséder une dose indispensable de culpabilité portée par l'espèce humaine depuis que les dieux de tout poil sont apparus, mais je n'aurai pas de regret.
J'aurai aussi quelques secrets bien gardés qu'on ne découvrira que longtemps après que je ne serai plus. C'est chic d'avoir quelques secrets. Face à la place infinitésimale que j'occupe dans l'univers, ces secrets s'atomiseront à la même vitesse que la disparition de ma chaire. Du coup, je noterai ça quelque part, dans un carnet que j'expédierai un jour prochain à une relation privilégiée qui se verra dans l'obligation de le transmettre de génération en génération, histoire d'être sure de ne pas passer tout de suite dans l'oubli. Vain espoir mort dans l'oeuf. J'aurais donc quelques secrets mais je partirai avec, c'est aussi décidé.
J'aurai des tas de douces pensées qui m'entoureront de bien être. Les douces pensées, ça donne de la profondeur au regard et le teint clair et baigné de joie aussi. Les douces pensées ça donne du brillant à mes cheveux, me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien.
Mais surtout, surtout, je n'aurai pas de regret.
J'ai tout bien noté sur ma liste de choses à faire, j'ai déjà tout biffé.
Me reste plus qu'une chose à satisfaire, ne pas avoir d'inquiétude pour obtenir tout le reste. Ca aussi, c'est ok!

Pendant ce temps là, Morticia s'interrogeait sur l'importance de l'ail dans la salade de concombre...